Pour un NON de gauche à la réforme des retraites
Dans le cadre de la consultation de la base du PS sur la question de la réforme des retraites 2020, il est important que la JS prenne une position claire. Le débat lors de l’assemblée annuelle a clairement montré qu'une nette majorité du parti se montre critique et hostile vis-à-vis de la réforme, indépendamment de la question sur le référendum. La réforme dans son ensemble est une attaque sur nos pensions et frappe particulièrement les femmes. La consultation de la base dans le PS nous donne l'occasion de susciter un large débat et d’apporter notre position dans le parti. Nous voulons ci-après résumer encore une fois pourquoi nous trouvons que la social-démocratie suisse devrait refuser la réforme.
L’âge de la retraite des femmes est non-négociable.
Les 2,3 millions de femmes, qui sont structurellement discriminées sur tous les niveaux en matière d'emploi, font le plus grand sacrifice de cette réforme des retraites – sans pour autant obtenir quoi que ce soit en plus. Pour celles qui ne parviendraient pas à l'âge de 84 ans, soit une sur deux, cette réforme constitue une nette dégradation de leur condition.
Le mouvement ouvrier a toujours lutté contre la baisse du taux de conversion et le fera encore cette fois-ci.
La baisse du taux de conversion planifiée mènerait à une réduction des pensions de 12%. Le mouvement ouvrier a toujours combattu cette tendance - la dernière fois en 2010 avec le rejet par 72,7% de l'électorat. Une baisse du taux de conversion est comparable à une réduction de salaire, impliquant une hausse des marges bénéficiaires pour les arnaqueurs des fonds de pension et un système de retraite encore moins solidaire. Là où « le niveau de rentes est garanti », les salaires sont nettement réduits au cours de la durée de la vie professionnelle.
La réforme prévoit une inflexion flagrante vers le deuxième pilier. La réforme n'élargit pas l’AVS, mais la part des caisses de pensions non-solidaires.
La réduction de la déduction de coordination et l'augmentation de la cotisation LPP mèneraient à une forte augmentation de l'épargne forcée dans le deuxième pilier - plus de 30% de plus, dépendant du niveau des salaires. Ainsi, la réforme élargit massivement le pouvoir des fonds de pension à travers nos retraites, au détriment de l’AVS. Avec la baisse du taux de conversion, la réforme met à disposition aux caisses de pensions des millions de francs suisses pour l’arnaque. Depuis 2009 ces dernières ont encaissé 4.5 milliards de profits.
Les 70 francs de plus dans l’AVS sont les bienvenus. Mais notre soutien à la coupure des retraites ne peut pas être acheté.
Compte tenu de la détérioration on ne peut au final pas parler d’une expansion « historique » de l’AVS. Les 70.- sont une compensation pour les coupures. A ceci s’ajoute qu’ils ne sont pas indexés sur l'inflation et seront à nouveau déduits dans les prestations complémentaires chez des rentiers plus pauvres. Ainsi, les 70.- constituent le valium avec lequel la gauche devrait être calmée pendant qu’on réduit nos pensions. Ne nous endormons pas !
Un retrait anticipé plus flexible de l’AVS est à saluer, mais le problème est le chômage des seniors et des prestations de chômage et des prestations sociales trop basses. Personne ne peut être forcé à la retraite anticipée.
De nombreux retraités prennent une retraite anticipée, non pas volontairement, mais parce qu'ils ne trouvent plus de travail. Le chômage des seniors est dû au système par le marché du travail déficitaire et en particulier au fonctionnement du deuxième pilier. Des personnes âgées ne doivent pas être tenues responsables de cet échec en devant passer à la retraite anticipée-forcée.
Le fait que la «déduction des provisions techniques» ait été réduite parce que des rentiers plus pauvres « en moyenne vivent moins longtemps et touchent donc moins longtemps à la retraite » n’est donc pas une amélioration, mais l'aveu impitoyable et sans vergogne de l'existence d'une société de classe, où les travailleuses et travailleurs meurent plus tôt.
Pour toutes ces raisons il est nécessaire de mener une lutte déterminée contre cette reforme et de prendre des positions conséquentes contre des attaques sur le standard de vie des salarié-e-s, aussi dans le cadre de la réforme des retraites 2020. Ceci est d’autant plus important qu'aujourd’hui tout le PS est tombé dans la « logique du moindre mal ». Nous lançons donc un appel à toutes les sections de discuter de cette lettre ouverte et d’approuver son contenu. Mettez le nom de votre section en dessous de la présente lettre et publiez-la sur le site Web de votre section et dans les réseaux sociaux. Lors de la consultation de la base il est crucial que les sections de la JS prennent ouvertement position et s’engagent pour un NON à cette réforme dans le PS. Envoyez la lettre également à vos sections du PS et aux syndicats. Ainsi, nous pouvons lutter ensemble pour un Non à cette contre-réforme dans la consultation de base.
Adopté par la JS Bilingue le 1.Avril 2017
Premiers signataires:
JS Genève
JS Thurgovie
JS Winterthur
05.04.2017